La complainte du prisonnier

La complainte du prisonnier


Le silence absolu des sombres oubliettes,
Acide corrosif qui ronge mon esprit,
Prédateur nocturne en une éternelle nuit,
Dans les geôles de l'Oubli, sans fin me guète.

En vain je fuis, de mes chaînes je me débats,
Dans la gueule du néant, je rampe et je traine
Des montagnes boulets à chacun de mes pas,
Masses inertes des mes souvenirs morts et ternes.

Tirer sur des maillons aussi longs qu'une vie,
Sur des ronces d'acier qui me crèvent le cœur;
Et trainer derrière moi les poids du malheur
Sur lesquels tire une vicieuse folie.

Pensées Blasphématoires

Pensées Blasphématoires

 Ah, vous vous fourvoyez jusque dans vos croyances,
Car pour vos soit disant dieux et vos paradis
Vous semez désolation, enfer, perfidie;
D'un démon auréolé vous n'êtes qu'engeance.

Du haut de mon blasphème, un rocher dans la mer
De votre ferveur mielleuse, enfin je m'élève,
Malédictions lumineuses, je n'ai que faire
Car de fanatiques à homme enfin je me lève.

A perte de vue je vous vois, tâches grouillantes,
Au rythme d'une marée d'un soleil sanglant;
Votre lumière vous aveugle, en vain j'attends
Qu'une ombre voile le ciel et vous désenchante.

D'hérétiques, de monstres, osez vous me traiter ?
Vos regards haineux, sur moi, ne sont que fixés;
Mais voyez donc, vous qui vous entredévorez,
Dans votre foi et votre sang vous vous noyez.

Dans l'ombre je veille et grand ouvert sont mes yeux,
Tandis que sur le bûcher d'un mensonge igné,
Plein d'arrogance, les yeux fermés vous mourrez,
Des moutons, immolés, offrandes de vos Dieux.

Le Dragon

Le Dragon

Un dragon serre de son étreinte fatale
Mon cœur chaud et pulsant, dans ma poitrine enfoui,
Constricteur écailleux, rampante perfidie,
Qui écrase mon âme, un étau animal.

A chaque instant qu'il passe, il resserre son emprise
Et crachant sa liqueur, mes rêves il carbonise,
En mon être incendié, sentiments magmatiques,
Il se creuse un enfer, un gouffre dragonique.

Ma colère enflammée ne fait que l'exalter,
Et au fleuve de mes larmes, il vient s'abreuver.
Sa fumée brûle mes yeux, brouille mon esprit,
Et nos haines acides, par le sang, sont unies.

De ma source même, il s'épand, tel un poison,
De mes griffes, gratter les murs de ma prison,
Je hurle à la lune et lui crache ma folie,
De mes ailes de plombs, je sombre dans l'oubli.

Ruines

Ruines

J'errais sans but dans les décombres de ma vie,
Comme les yeux d'un homme, qui, dans la noirceur,
S'écarquillent en vain, en quête d'une lueur
Qui guiderait son âme dans l'obscur oubli.

Je rampais ainsi, dans ces ruines désolantes,
La poussière d'une vie passée m'aveuglant,
Le cœur déchiré en mon être agonisant,
Glas de l'humanité, pulsations faiblissantes.

Je cherchais sans espoir en ces terres stériles
Une fleure de joie, un souvenir heureux,
Une si douce larme qui en mon exil
Ferrait déborder la mort en mon être creux.

Quand soudain, au travers de mon sang, je la vis,
Et contre mon cœur moribond je la plaquais
Mais alors elle noircit, sa vie fut consumée,
En mes mains ne laissant qu'un squelette flétri.

En sanglot je m'éveillais, un rêve éphémère,
Et le goût de la délivrance disparu.
A nouveau dans les ruines je rampais, sans but,
Les cendres et les larmes, en ma bouche, un goût amer.

Raison fracassée

Raison fracassée

Bruit horrible et grinçant, son terrible, abyssal
Qui fait trembler mon être, et de son piédestal
Fait chuter ma raison, tandis que la folie,
Vapeur meurtrière, du gouffre m'envahit.

S'en suit des plaintes unies, hululements des spectres,
Les sanglots et les cris, que dans mon grand mal-être,
Je crache à cet oubli, aux ténèbres où gisait
Ma fragile survie, ma raison fracassée.

L'Appel Fatal

L'Appel Fatal

Le vent froid et cinglant me brûle le visage,
Comme si dans ma chute des cieux étoilés
Des flammes glaciales de l'enfer, m'approchais,
Univers monstrueux de peurs et de ravages.

Je chutais du ciel, ma vitesse accentuée
Par la masse de mon cœur empli de tristesse,
Cœur devenu de granit, mes ailes arrachées,
Mort d'une étoile par la destiné traitresse.

Le corps enflammé par les foudres coléreuses,
Je m'écrasais enfin dans ce monde nocturne,
Ma lueur dévorée par la nuit silencieuse,
Mon corps mourant luisant d'une sanglante lune.

Comment en ce lieu maudit ne pas succomber !
A l'attrait morbide d'une aveugle colère
Contre les juges immondes qui m'ont exilé,
Et qui se disent au service de la lumière.

Abreuvé au sein de la Haine dévoreuse,
Je réchauffais en ses bras ma colère avide,
Goutant en ses lèvres son âme vénéneuse
Elle insuffla son poison en mon être vide.

Dans sa ténébreuse étreinte je renaissais
Et de mes noires ailes à présent m'envolais
En moi, cette abysse, cette soif réveillée,
Cette vengeance que seul le sang étancherait,
Cette vengeance ! Cette justice aveuglée
Par les souffrances qu'ils m'avaient fait endurer.

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 Et le vent soulève une plume ensanglantée
Que cet ange déchu dans sa chute à laissé,
Une plume si blanche et pourtant maculée
Par le liquide écarlate d'un être damnée.

Puis une ombre passe, le vengeur tourmenté,
Le traqueur de lueur, la folie animée,
Qui par ses propres frères a été foudroyé,
Bannissement injuste en de sombres contrées,
Où son âme moribonde avait succombé
A l'appel fatal d'une infernale entité.

La Saveur défendue

La saveur défendue

J'ai rêvé de souvenirs, rêvé de regrets,
J'ai ruminé des remords d'une vie passée,
Mais jamais en mon être ne s'est éveillée
La lueure d'espoir du bonheur éthéré.

Et mon âme, sans lumière pour la guider,
En ses propres ténèbr's, finie par s'égarer,
Abysse sans fond, s'enliser et se noyer
Dans la liqueur noire de ses sombres pensées.

Dans le calice impie s'abreuver et goûter
A la saveur défendue de l'éternité
Puis la soif étanchée, se laisser dévorer
L'acide des puissances bannies à jamais.

Le Ballet des Spectres

Le ballet des spectres

Les spectres du passé, tourmenteurs lancinants,
Tourbillonnent en mon âme, une étreinte sanglante,
Tel un étau glacial sur mon cœur défaillant
Pour en extraire le sang d'une vie déviante.

Ces rémanences, ces rêves désincarnés,
Qui troublent mon sommeil et hantent mes pensées,
Ballet hypnotique, cette danse macabre,
Qui exhume de mon être d'espoirs cadavres.

Symphonie des siècles, mortes palpitations,
Mélodie folle aux rythmiques lamentations,
Le chant de mélancolie et de perdition
Des ombre dansantes, êtres de persécution.

Ainsi j'errais dans ce théâtre de ténèbres,
Devenu proie de mes souvenirs prédateurs
Qui peu à peu me dévoraient de l'intérieur,
Ne laissant de moi qu'un soupir vide et funèbre.

Désespoir labyrinthique

Désespoir labyrinthique

Silence anormal d'une terreur innommable,
Et l'angoissante mélodie d'un souffle heurté,
Musique hurlante d'un désespoir paniqué,
Rythme d'un cœur affolé, fuite interminable.

La course effrénée dans les boyaux abyssaux,
Courir, encore courir, sans espoirs finaux,
Fuir, toujours fuir, une horreur inimaginable,
Essayer de fuir ce destin inéluctable.

Et ces murs glaciaux qui se replient peu à peu,
Recouvrant de leurs ombres le cœur et les yeux,
Les couloirs de la mort, sombres buveurs de sang,
Engourdissant l'esprit et les sens défaillants.

Et ainsi s'enfoncer dans la gueule béante
De cette entité si vicieuse et terrifiante,
Le labyrinthe du désespoir, à jamais
Renferme en son cœur vide les âmes damnées.

Les deux dames

Les deux Dames

Marchant tête baissée vers un avenir flou,
Ayant vagues contours des caprices du vent,
D'un Destin si glacial, habillé tout de blanc,
Ainsi dans la tempête, j'allais tel un fou.

Car dans mon esprit, la folie était maitresse,
Elle, effleurant mon âme d'amantes caresses,
Elle, unique compagne, salope traitresse,
Et moi qui ployait sous la neige et les tristesses.

Et dans cette neige, ces tourments qui me gèlent,
A la seule chaleur de ma haine, j'avançais,
Bravant seul le blizzard de mon être esseulé,
Être criblé et déchiqueté par la grêle.

Et dans les rets givrés de l'Hiver j'échouais,
Quittant les bras d'une dame pour ceux d'une autre,
Laissant mon corps meurtri à mes sombres apôtres,
Et aux lèvres glacées de la mort je goutais.

Les Ombres Vagabondes

Les Ombres Vagabondes

L'hypnotique ballet des ombres vagabondes,
Qui se flouent, s'oublient, rampent, s'envolent et se fondent,
Tristes souvenirs parmi tant de souvenirs,
Ombres parmi les ombres, murmures et soupirs.

Remords, rancœurs, regrets et rêves fracassés,
Les secrets qui ne furent jamais dévoilés,
Remous d'une âme tourmentée et délaissée,
Les sanglots de celui qui est seul et muet.

Les volutes de ténèbres', reflets des pensées,
Fumée narcotique pour tenter d'oublier,
Inhaler, inhaler, et se laisser chuter,
Dans l'abysse glaciale pour l'éternité.

Le Glas de l'Hiver

Le Glas de l'Hiver

Le tintement des cloches hivernales résonne,
Le glas d'une purté cristalline et glacée,
Échos tristes d'abandons et d'éternité,
Doux requiem d'une fin humaine et monotone.

Chaque goute qui se brise, éclat rémanent,
Emplie l'air et le temps de cette mélodie,
Hymne à la paix absolue, celle qui épand
Son manteau de glace mortel, fige la vie.

Scintillement invisibles, sons silencieux,
La froide illumination de la vérité,
Le susurre givré de la réalité,

Blessant l'esprit, le cœur, les oreilles et les yeux
De nos âmes souillées et bannies à jamais,
Souffle mortifère'. L'ultime Glas a sonné.

Cruelle Amante

Cruelle Amante

La plaie cruelle et solitaire du poète
D’où s’écoulent les flots de son âme muette,
D’où saigne le sang fertile de la beauté,
Où suppurent solitude et noires pensées,
D’où suinte l’acide de la haine renfermée,
Mortification d’où le génie sera né.

Cette plaie est une lame, couteau qu’on remue,
Remuer, remuer, et en y extirper
Du fin fond de son âme, le sang et le pus,
Liquide noirâtre de ses sombres pensées.

Fouilles frénétiques des tréfonds de son être
Puis coucher sur le blanc, le noir de sa liqueur,
Taches de sang ayant pour formes mots et lettres,
Cracher par la béante blessur du malheur.

Les Sirènes

 Les Sirènes

Lorsque la solitude et la haine te hantent
Que l’ultime et finale solution te tente
Lorsque la folie prend le pas sur la raison
Prend garde âme esseulée à ne toucher le fond.

Car dans les obscures profondeurs abyssales
Règnent et t’y enchaîneront les noires sirènes
Amantes de la souffrance qui ont pour chaînes
Les sensuelles étreintes et leurs baisers fatals.

Ainsi enchaîné remonter tu ne pourras
A jamais mortel’ment enivré tu seras
Par les sensations et sentiments des ondines.

Et par les bouches qui ont susurré le chant
Qui t’as attiré dans le fond des flots troublants,
Et par ces bouches tu finiras dévoré.

La gargouille de la tour noire

La gargouille de la tour noire


Rivant son regard impassible sur la ville,
Témoin silencieux, ténébreux juge immobile,
La sombre gargouille, la bien triste merveille,
Être obscur, dans l'ombre de la tour noire, veille.

Du haut de son perchoir, dans la nuit éphémère,
Humant l'air humide et la brume délétère,
Présence angoissante, le héraut mortifère,
Tel un noir oiseau sinistre aux ailes de pierres.

Bourreau des âmes, persécuteur abyssal,
Tel un ange banni, un démon de granit,
La cruauté sadique de son cœur glacial,
Les crocs luisants du sang d'une terreur induite.

Ainsi le démon, tout comme l'ange banni,
N'a d'autre choix qu'être l'ennemi de la Vie,
Roc suintant de haine, figé à jamais,
Le fléau pétrifié, la Mort personnifiée.

Le Corbeau

Le Corbeau


Au bord de l’agonie, le cœur ensanglanté,
Le corps déchiqueté par le blizzard du destin,
Je rampais sans espoir dans une traînée carmin
Quand un oiseau du malheur noir comme mes pensées
Perché sur la branche d'un arbre mort aux fruits
Putrides et gorgés d’un liquide noir me dit :

« Ô toi, être empli de souffrances et de tristesses,
Toi dont le corps et l’âme ne sont qu’amas sanglant,
Je te promet l’ultime puissance veng’resse
Si tu goûtes le fruit de cet arbre mourant. »

Ma gorge’, déchirée par les crocs des hurlements,
Mes lèvres, cousues par le froid et l’isol’ment,
Crachèrent, toussèrent autant de murmures que de sang
Et laissèrent les mots lui venir par le vent.

« Ô toi, oiseau de mauvais augure en tout temps,
Ta bonté te priv’rait d’un repas alléchant ?
Aurais-tu, à force d’en dévorer, gagner cœur ?
Ou bien pire que la mort ce fruit m’apportera.
Car jamais corbeau ne crache sur un repas
Ni que présage’ de sa présence’ ne fait erreur. »

« Je préfère "deux tu auras" que "un tu as"
Car ton humanité dans ce fruit tu perdras
Et sur ton épaule à jamais je resterai,
Me nourrissant des cadavres de ta vengeance.
Car mon noir présage en ce jour est justifié,
Tu mourras ! Seule subsistera ta démence.
Voici la vérité, tu seras dévoré
Par le feu glacial de tes sentiments ignés. 

Caspar Adam