La lettre du Soldat

Je t'écris à l'heure où cette nuit désolée
Distille en vain dans nos âmes déchirées
Des rêves rémanents qui, à l'aube levée,
Se déliteront, et pour certain, à jamais.

J'ai vu l'humanité, sa triste vérité,
Vu cette bête faite de sang et d'acier,
Toujours plus avide de morts et de violence,
Briser, massacrer, sa propre engeance.


Je t'écris à l'heure où cette dernière nuit
Panse les blessures de nos corps abimés,
Offre aux survivant un misérable sursis,
Lui qui sera, par le son du clairon, brisé.

Et quand l'appel à la folie résonnera,
Cet appel dont la plupart ne reviennent pas,
J'arracherai mon corps à ce sol tant souillé,
Au combat et à l'horreur je me livrerai.

Et tandis que le bruit de nos pas épuisés
Fera battre le cœur de ce monstre affamé,
Ta voix se mêlera au chant des condamnées,
Apaisera mon âme par la peur tourmentée.

Tu me guideras alors vers la liberté,
Et dans les bras de La Mort, tu me berceras.
Dans sa brumeuse froideur je m'endormirai,
Et ta voix, si douce voix, m'accompagnera.

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