Noyade

Abandonné dans un océan de tourment,
Dans une immensité si noire et terrifiante,
J'essaye en vain de lutter contre le courant,
M'accroche à la bouée d'une utopie mourante.

Mais les coups du Destin dans mon corps et radeau,
Ont percés mille trous, de grandes plaies béantes
Qui vomissent ma vie et se gorge de maux ;

Je sens l'eau s'infiltrer en ma chair faiblissante
Et emplir mes poumons d'un liquide suintant,
Oui, Peu à peu je sombre en de flots dévorants.

Prose

Il y a un froid contre lequel nuls songes, nuls draps et nulles femmes ne peuvent lutter.
Un froid qui vous dévore la chair jusqu'à l'os, un froid qui vous ronge jusqu'à l'âme.
Qu'importe les soleils dans un monde de glaces éternelles.
Qu'importe les étoiles qui percent l'obscurité quand nos yeux sont aveugles.
Nos larmes refusent de couler de peur de geler.

Le Fossoyeur

Une ombre parmi les ombres, il déambulait,
De tombes en tombes, de vies en vies, oubliées,
Quand soudain, le tambour de ses pas s'arrêta ;
Échos des battements d'un cœur mort ; il creusa.

La plainte de la terre violée s'éleva,
Le chant monocorde d'une pelle d'acier.
Oui la mélopée sépulcrale résonna,
S'inscrivant dans la pierre à chaque coup porté.

Les paroles non prononcées du fossoyeur
Dégoulinaient de son visage maculé
Par le sang d'un hymen arraché et brisé ;
Il la pilonnait pour ensemencer son cœur.

Et il creusa et déchira tant ses viscères
Qu'il trouva enfin son infernale matrice.
Il soupira alors, ayant fait son office ;
Déposa le corps et son linceul en enfer.