Soupir

Entends-tu dans mon sillage ce que j'ai entendu,
Des soupirs et murmures d'une vie perdue,
Tel des relents glaciaux venus d'un autre monde
Où tous bonheurs et espoirs, comme neige au soleil, fondent.


Nos pataugeons alors dans cette boue moribonde,
Dans le sang dans illusions utopiques,
Assassinées par une réalité despotique,
Prédatrice acharnée, tortionnaire immonde.

Prose

Quand la moindre larme, la moindre goutte,
S'écrase tel un obus sur le bunker de notre conscience,
Il pleut alors un rideau de fer et de feu
Qui fait trembler la Terre sur ses fondement.

Vengeance

As-tu remonté les affluents de souffrances
Qui mènent à l'océan trouble de la Folie,
Oui t'es-tu tenu sur ses falaises polies
Quand la tempêtes a éclatée, sombre sentence.

As-tu vu l'invisible en ce noir absolu,
Quand les vents déchainés, accusateurs hurlants,
Arrachèrent ton âme à ton corps révolu
Et l'éparpillèrent dans les flots bouillonnants.

Où étais-tu quand les mondes m'ont exilé
Bannissement obscur, un éternel oubli,
Lorsque de sept liens d'argent, les dieux m'ont lié
Dans cette obscurité où je perdis l'esprit.

Et où seras-tu quand enfin de mon exil
Je briserai les chaînes, et vengeur, reviendrai,
Où seras-tu quand, le dieux, je dévorerai,
Quand je mettrai en cendres vos mondes futiles.

L'hymne au Soleil Noir

Là où tombent des corps, des cadavres mortels,
Comme tombe la pluie, comme tombe la grêle,
Se fracassent à grands bruits sur les roches d’autels
Ceux d’un culte interdit, un mal originel.

Là où les corbeaux chantent, une agonie repue,
Là où les corbeaux dansent, un grand festin sanglant,
Où les cœurs tambourinent, en des êtres tendus,
Vibrent dans les ruines, tel un glas impatient.

Là où les lames chantent, un requiem funèbre,
Là où les lames dansent, un ballet mortifère,
Où ne vit ni ne brille autre que la Ténèbre,
Où le monde gît brisé, au fond des enfers.

Le Grand Festin / L’Horreur se met à table

La plaie que l’on croyait cicatrisée se rouvre
Et ses lèvres enflammées se remettent à chanter
Un flot implacable de pensées oubliées,
Une marée noire qui s’épand et recouvre.

Une déferlante revenue du passé ?
Le festin peut enfin à nouveau commencer.


Dans la nuit retentissent les pleurs et les cris
Des anges de l’espoir qui hurlent d’agonie,
Les terreurs nocturnes errent dans l’obscurité,
Des cauchemars prédateurs bavants et affamés.

Des peurs dévorantes qui se mettent à chasser ?
Le festin peut enfin à nouveau commencer.


Le ciel éventré pleure des larmes de sang
Et crache sa peine dans un tonnerre hurlant,
Pénètre les failles de son torrent sanglant,
Abreuve les ruines d’un royaume mourant.

Ruisselle dans le cœur d’un monde abandonné ?
Le festin peut enfin à nouveau commencer.


Et les hululements des spectres dans la nuit
Virevoltent sans fin dans les cieux déchirés,
Des sombres songes lancinants et tourmentés
Qui susurrent des mots imprégnés de folie.

Des voix désespérées qui se mettent à chanter ?
Le festin a pour toi déjà commencé.

Paroles moribondes

J’erre dans les fanges de ce brumeux Oubli
En cherchant ce qui fut et n’a jamais été,
Paradisiaque enfer, infernal paradis,
Ces deux mondes cruels dont je suis exilé.

J’interroge sans fin mes sombres souvenirs
Qui se cachent en l’ombre, lentement y mourir,
Mais ni ange ni démon, à mon appel, répondent,
Juste mon propre écho, paroles moribondes.

Le Pendu

Tel un fruit bien trop mûr, il pendait à un arbre,
Et le vent poussiéreux le faisait ballotter,
En un ballet mortel, une danse macabre,
Dont les vers spectateurs étaient les mieux logés.

Ses yeux vides et vitreux fixaient ceux invisibles
D’une compagne aimée qui lui fut arrachée
Par la corde tendue qui l’avait étranglé,
Et le laissant pourrir, pris d’un tourment terrible.

Ainsi, seul il était, n’ayant plus pour danser,
Son amante La Vie, mais sa froide moitié,
Misérable pantin par le cou accroché,
Dans les bras de La Mort peu à peu il sombrait.

Quand soudain, de son corps pourrissant et damné,
D’un vent fourbe et puissant, elle eut enfin pitié,
Et fit chuter au sol le corps décapité,
Emmena en son sein l’âme du condamné.