Le Nosferatu

A l'heure où la lune se cache dans la nuit
Sort enfin de l'ombre le prédateur nocturne,
Et tout ce temps passé à fuir l'astre diurne
A éveillé en lui un sanglant appétit.

L'inextinguible soif de minuit le déchire,
L'appelle et l'entraine dans la ville endormie;
Qu'importe les étoiles, qu'importe le prix,
Ce soir, comme tout soir, verra quelqu'un périr.

Le Destin et la Mort qui guidèrent ses pas
L'emmenèrent jusqu'au lit d'une femme assoupie.
Empli d'un mélange d'amour et de folie,
Il resta là, à son chevet, et l'observa.


Il huma la senteur subtile de son corps,
Sentit le battement si calme de son cœur,
Et le soupir lascif entre ses lèvres ignées
Quand il se pencha pour doucement l'embrasser.

Elle ne se réveilla pas, mais un long frisson
Parcouru les courbes de son corps dénudé,
Que les draps diaphanes de son lit tout défait
Caressaient par endroit, étreinte d'abandon.

Qu'importe le prix, une vie pour une vie,
Il resta à observer la femme allongée.
L'un aura été aimé, l'autre aura périt,
L'ange de la nuit mourut à l'aube levée.